Aller à l'école en 2011 ne sera pas tout à fait pareil qu'en 2010. C'est au lycée que les transformations seront les plus profondes. L'Education nationale s'adapte à l'air du temps, mais aussi à des effectifs toujours plus restreints. Des réformes pédagogiques et des heures de cours en moins qui, à quelques jours de la rentrée, inquiètent les professeurs.
La circulaire du ministère de l'Education nationale du 5 mai 2011 adressée aux académies, donne le ton de cette rentrée 2011 et détaille ce qui va changer.
Après la nouvelle classe de seconde, inaugurée en 2009 et en attendant la nouvelle terminale prévue en 2012, la réforme du lycée remodèle cette année la classe de 1ère de fond en comble.
L'inquiétude soulevée par les enseignants est qu'ils n'ont pas encore la moindre idée du nombre d'épreuves et des matières qui seront concernées pour le baccalauréat 2013.
Lycée général : des heures en moins
Tous les élèves de Première générale (S, ES et L) suivront le même enseignement en français, en histoire-géographie, en langues vivantes, en éducation civique, juridique et sociale (ECJS) et en sport (EPS), alors qu'auparavant, chaque filière avait son propre programme.
Un tronc commun élargi lourd en conséquences sur l'organisation des filières qui perdent toutes des heures de cours. Ainsi, fini le bac d'histoire-géo pour les terminales S. Ils passeront l'épreuve en Première et n'auront plus du tout de cours d'histoire-géographie en terminale.
Pour les ES, il n'y a plus de spécialisation en Première mais seulement en Terminale, en perdant, au passage, une demi-heure d'enseignement.
Pour les S, ce sont 3h30 de cours scientifiques en moins en Première, au profit d'une heure et demi en plus d'histoire-géographie. Pour Didier Costenoble, professeur au lycée Queneau de Villeneuve d'Ascq, cela va de pair avec les suppressions de postes.
Les autres innovations en filière générale concernent les littéraires.
La Première L se dote d'un nouvel enseignement obligatoire de littérature étrangère en langue étrangère.
Pour les terminales L, un cours de spécialité fait son entrée, droit et grands enjeux du monde contemporain.
La classe de seconde n'échappe pas non plus aux suppressions d'heures. Depuis l'année dernière, les lycéens doivent choisir deux enseignements d'exploration parmi, entre autres, arts du cirque, biotechnologie, littérature et société, sciences économiques et sociales (SES), activités artistiques (voir la liste complète). Alors que l'année dernière, ces deux options représentaient 6 heures hebdomadaires, elles ne comptent plus que pour 3 heures cette année. Une restriction horaire dommageable pour la scolarité des lycéens, selon Didier Costenoble.
Lycées : changer de filière en cours d'année
Toujours au lycée, les passerelles entre les filières seront assouplies. Il sera désormais beaucoup plus facile de se réorienter en cours d'année.
Un élève pourra passer d'une Première S à une Première ES ou quitter le cursus général pour un cursus technologique.
Des stages de remises à niveau seront organisés pendant les vacances, le mercredi et le samedi pour permettre à l'élève de basculer dans une autre filière. Mais, pour Didier Costenoble, « il ne faut pas compter sur les stages de vacances pour rattraper ce qui n'aura pas été vu. »
Lycées technologiques : des filières toutes neuves
De nouvelles séries technologiques feront leur rentrée en septembre, les autres seront remaniées. Pour toutes les filières, une heure hebdomadaire d'enseignement technologique dans la première langue de l'élève sera dispensée.
La série sciences et technologies industrielles (STI) disparaît et se scinde en deux nouvelles filières :
- la série sciences et technologies de l'industrie et du développement durable (STI2D) qui met l'accent sur les matières technologiques : construction, énergies, environnement, éco-conception, numérique
- la série sciences et technologies du design et des arts appliqués (STD2A) qui consacre la moitié des heures de cours au design et aux arts appliqués.
Mais ces nouvelles formations technologiques s'accompagnent d'une perte de 6 heures d'enseignement techniques et de moins de cours en effectifs réduits. Et, en réalité, avec ces nouveaux cursus, c'est la diversité de l'offre formation qui diminue, comme nous l'explique Francis Lecher, professeur de génie mécanique au lycée Lazare Carnot d'Arras.
Pour tous : place au numérique
La place du numérique dans nos écoles sera renforcée. La version informatisée du livret personnel de compétences, déjà en vigueur au collège, sera mise en place dans les écoles primaires. Le cahier de texte numérique sera généralisé dans tous les collèges et lycées en remplacement du cahier de texte papier d'antan. Mais, comme le souligne, Jean-François Caremel, professeur d'histoire-géographie au collège de Norrent-Fontes, ce dispositif ne prend pas en compte les problèmes d'équipement des établissements et surtout des familles.
Une évaluation nationale expérimentée en 5e
Enfin, pour les établissements volontaires, le ministère propose d'expérimenter une évaluation nationale en classe de 5e, lors du troisième trimestre afin de « disposer d'informations statistiques entre les évaluations de CM2 et le Diplôme nationale du brevet ». « Cela ne correspond pas du tout à une demande des personnels », rétorque Jean-François Caremel, en charge de classes de 5e.
Ce qu'on retient des réformes et expérimentations pédagogiques du gouvernement focalise sur le lycée :
les choix de cursus s'apauvrissent et les lycéens perdent des heures d'enseignements. Comme l'ont souligné tous nos interlocuteurs, cela fait echo aux 66 000 postes supprimés dans l'Education nationale ces 4 dernières années. Lors de cette rentrée 2011, 16 000 postes ne seront pas renouvelés.